[STEAM] Bioshock Inifinite

graouu (il y a 3242 jours)

ook4mi (il y a 3242 jours)

Fizdol (il y a 3242 jours)

Je pense que je serais un humaniste désabusé.

Un jeune idéaliste, philosophe et politicien, qui aurait rejoint Rapture pour y faire germer une doctrine basé sur l'entraide, l'émancipation par l'autonomie intellectuelle. Mais j'aurais été témoin de sa chute, de son implosion, de la manière que certains hommes ont de tout reproduire inlassablement.

J'aurais accueilli avec bienveillance le cynisme de certains face à mes réflexions. J'aurais gentimment retourner leurs arguments afin de leur faire comprendre mon point de vue : cette nécessité de mettre certaines choses de côté pour avancer, que nous ne sommes pas des communautés mais UNE communauté, que la liberté ne s'oppose pas à l'entraide, bref : l'idée que c'est en groupe que nous devons avancer. Les intellectuels auront reconnus la critique et je serais « accepté » par l'intelligentsia. Ils garderaient tout de même un sourire en coin pour ce communisme pacifique un peu naïf. J'aurais beau expliquer les aboutissants de mes idées, certains resteront dans une vision caricaturale. Prônant une liberté excessive, ils ne verraient qu'un côté oppressant et dictatoriale à ma vision solidaire.

J'aurais vu naître une opposition idéologique à mes propos, des courants divers mais de plus en plus fort, et j'aurais vu des gens se rallier derrière eux, car le poids économique, scientifique, religieux ou politique que représente ces "opposants" est conséquent (et j'aurai tant de peine à les appeler ainsi, ils sont mes camarades, mes frères, mes miroirs). L'individualisme prônée par Rapture amènera paradoxalement le retour des lobby, des guildes et des regroupement d’intérêts. Les petits s'alliant avec les grands, pensant faire un choix, le capitalisme écrasera les plus faibles, qui sont à la base de tout, de notre cité, de notre rêve. Plus les groupes grossiront, plus la ville s'appauvrira en enrichissant des élites. Le prix de la viande s'envolera plus vite que celui de l'eau.

A mes idées ils opposeront des cris, à mes remarques des coups. Je verrais des écoles de pensées extrêmes se former contre d'autres, comme dans cette société que nous avions quitté. Je tenterais alors de faire le médiateur, de répandre notre philosophie d'apaisement et de tolérance, ce qui me vaudra le surnom de "prêtre", nom au combien péjoratif dans une Rapture où l'athéisme confine au sacré. Beaucoup d'hommes et de femmes se rallieront à mes idées, tenteront par la parole de calmer une situation qui s'envenime dans les quartiers les plus populaires (même si Ryan se répugne à considérer qu'une sous-classe "populaire" tend à se développer au sein de son utopie). Mais cela ne sera jamais assez.

Un matin je serais réveillé par le cri de mes amis : un groupe a été pris à parti, il y a des blessés, peut-être un mort. Ces autres grand manitous, ces pseudos chef politiques, utiliseront cet événement pour demander une purge dans les bas-fonds. Nous aurons beau les avertir, leur expliquer que le mort et les blessés refusent cette idée, tout est vain : tout cela n'est qu'un prétexte.

Les premières "milices" se forment, les passages à tabac se multiplient. Tandis que le petit corps intellectuel continue de militer et de débattre, nous tentons d'engager des volontaires pour porter assistance aux instances médicales, saturés des victimes de ces violences presque quotidienne. Un soir nous sommes refoulés à l'entrée d'un de ces nombreux ghettos qui apparaissent, même dans des coins anciennement riches. Je me prends un coup de matraque qui me fait presque perdre un oeil et me brise deux doigts. Une femme qui tentait de me défendre est mis dans un coma léger. Encore une fois cet événement est instrumentalisé : voyez comment les rebus de notre société attaque les intellectuels qui viennent les aider. La tension monte, la guerre civile se lit dans les visages tirés et les poings serrés.

Un mois plus tard, la première explosion ravage les bas-quartiers. La clameur monte, la fumée s'élève. Depuis la chambre de l’hôpital dans laquelle on nous propose de nous réfugier (c'est toujours dans les conflits qu'un semblant d'unité se forme) j'apprends qui de mes amis est mort, qui gravement blessé. Cruelle ironie : les milices que nous combattions par les mots nous défendent, par les armes et les plasmides, des gens que nous voulions sauver.

Dans la nuit les barricades cèdent dans un énorme fracas. Le bruit réveillent même les agonisants. Une odeur de brûlé envahit tout, un bourdonnement monte dans les conduites d'air. Soudain le mur se transforme en boule de feu, et tout est soufflé. Sonné, on me transporte à travers les couloirs, ma tête vibre. J'entends les balles siffler et une des personnes qui m'aident s'écroule. J'entends des cris. On me retourne et me plante une énorme tige de fer brulante dans le bras, je tombe à terre dans une convulsion. Quelqu'un se penche sur moi, soulève ma tête pour me jauger et me tire une rafale dans l'épaule. Mon cri de douleur me convulse et de mon bras remonte une langue de feu qui désintègre instantanément une partie de mon agresseur. Le reste de son corps fumant tombe sur moi. Je perds conscience.

Une femme me traîne dans un coin, me mets un sac de nourriture et des pansements près de moi, la porte se ferme.

"Rapture est tombée" me souffle un homme aux deux yeux rond électriques près de moi. " Enfin, disons plutôt qu'elle vient de toucher le fond" L'homme se remet sur les coudes, réajuste ses lunettes en soufflant et s'allume une cigarette. "Maintenant le prêtre, tes paroles elles vont plus valoir grand chose face à l'enfer qui vient d's'ouvrir sous nos pieds. Et c'est pas tes gentillesses qui vont arrêter les balles. Ou alors c'est un plasmide que je connais pas. Va falloir survivre le temps que les Big Daddy nous purgent tout ça. Et pour ça, faudra compter que sur soi".

L'homme se lève, ce n'est pas un sportif mais on sent chez lui une aisance et une bonne santé malgré sa bonhomie apparente. Il ramasse le sac de nourriture et les médicaments, les range dans un plus grand qu'il porte sur le dos. Il réajuste sa ceinture, vérifie le barillet de son arme et ouvre la porte. Sa silhouette se découpe sur les restes fumants d'une vitrine, les flammes léchant jusqu'au plafond les colonnades abîmées du Pavillon médicale. Il se retourne vers moi. Son visage me dit quelque chose. Auguste saint quelque chose. Clair ?

"Vu l'état de ton épaule, ce serait gâché que de te laisser tout ce matos. T'es du genre intello : tu comprends l'idée j'imagine". Il sert son poing qui devient bleu transparent dans un craquement, et disparait dans les flammes.

Merci pour ce magnifique gift l'ami !

rduburo (il y a 3240 jours)

shamalox (il y a 3239 jours)

Oulah, je vais tente de faire un truc aussi bien que Fizdol :p

08 Mai 1948: Attiré par la promesse de nouveaux horizons, je rejoint rapture par l'attrait du renouveau. J'ai quitté ma vie d'avant sans aucun regret, sans regard ni retour en arrière possible. Mon seul but est de montrer à la face du monde que je ne suis pas un faible.

16 Mai 1951: Nourri par une motivation constante, j'ai gravi les échelons des classes sociales, j'ai quitté la plèbe des ouvriers pour la haute société des patrons. Les gens m'adulent, sont sous mes ordres, m'obéissent, me craignent. Rien ne me fais peur, rien ne m’arrêtera.

09 Juin 1952: Celui que je considérais comme mon ami a décidé de ne plus l'être. J'ai pris une balle dans le dos en bas de chez moi. Les plasmides que je me suis fais injecter n'auront servis à rien. Ce traître n'as pas réussi à s'en tirer, il fut attrapé par les forces de l'ordre, arrêté, et condamné à mort. Cela ne change rien à ma paralysie. Je ne pourrais plus jamais marcher. Ma vie est fichue.

17 Août 1954: Rien n'as changé, à part une chose: les tensions à Rapture se font de plus en plus vives. On entends des choses dans la bouche des gens, à la radio, dans les journaux. Des groupes commencent à se former. Des gens essayent de partir de la ville, sans succès, tandis que de nouveaux arrivants arrivent périodiquement, sans se douter de ce en quoi ils s'engagent.

28 Décembre 1958: J'apprends une immense nouvelle. Cadeau de Noël en retard, des scientifiques ont mis au points une technique expérimentale permettant aux paralysés de remarcher, grâce à l'aide de différents cocktails de plasmides spéciales. Je me porte tout de suite volontaire, de toute façon je n'ai rien à perdre.

29 Décembre 1958: Je suis hospitalisé en attente de l'opération. C'est allé très vite, j'ai eu de la chance, beaucoup de gens étaient candidats. Je peux dire merci à mon ancien statut social.

30 Décembre 1958: L'opération s'est très bien passé selon les chirurgiens, les plasmides sont bien rentrés dans mon corps, il me faut juste un peu de repos, et je devrais être capable de remarcher dans quelques jours. Normalement.

31 Décembre 1958: Je suis réveillé par une explosion, les murs de ma chambre bougent, je ne comprends rien à ce qu'il m'arrive, mais j'entends les gens courir dans les couloirs, et crier. J'allume la radio, je crois apprendre qu'une énorme émeute a éclaté partout dans la ville, contre les membres de la haute société. Par précaution, je réussie tant bien que mal à verrouiller ma porte.

02 Janvier 1959: J'ai faim et soif, je ne peux plus rester une minute de plus dans cette chambre. Pour la première fois j'essaie de sortir de mon lit. Mes jambes bougent, c'est incroyable. Elles me portent, j'ai cru brièvement au rêve, avant qu'une autre explosion ne me fasse brutalement revenir à la réalité: la ville est à feu et à sang, pas question de rester ici sans rien faire. Je trouve des vêtements dans l'armoire non loin de mon lit, je teste brièvement mes plasmides, fais brûler les plantes de ma table de chevet, électrocute le poisson dans son bocal, me rends invisible devant le miroir. Je me prépare à sortir dehors. J'ouvre la porte de ma chambre d’hôpital. Rapture, me voilà.

shamalox (il y a 3239 jours)

Fizdol

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graouu (il y a 3242 jours)

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